Les rumeurs allaient bon train mais nous refusions tous de croire que la saison de Raphaël Lessard pouvait prendre fin aussi tôt. Lundi matin, la nouvelle est tombée et GMS Racing a annoncé que Lessard voyait sa saison prendre fin faute de budget.
Hier soir, c’est évidemment un jeune homme déçu et triste qui s’est présenté pour une entrevue. Si confiant et de bonne humeur habituellement, je dois dire que ça arrachait le coeur de voir un jeune homme résigné et encore sous le choc de voir son rêve lui être enlevé des mains de cette façon. Mis au courant que la course disputée sur le circuit de Kansas serait sa dernière de l’année avec GMS, c’est avec la rage au coeur qu’il s’est présenté à la piste. On connaît le désir de gagner de Raphaël et on l’a vu se battre et revenir de l’arrière 2 fois pour terminer en 8e position. Il m’a raconté que si sa camionnette avait pu être un minimum plus haute et ne pas frotter sur le circuit, il aurait très bien pu remporter la victoire.
Suite à cette course, il a eu la lourde tâche d’aller dire au revoir à tous ceux qui l’ont appuyé depuis le début de la saison avec GMS avant de prendre ses choses et les ramener à la maison. Le journaliste Louis Butcher du Journal de Montréal avait annoncé la possibilité que Raphaël Lessard remplace Brett Moffitt dans l’équipe d’Al Niece pour 3 épreuves et questionné sur cette possibilité, Lessard a été honnête. Comme il n’a pas d’argent à amener à l’équipe, les chances que cela se produisent sont minces. Pour Darlington, l’équipe offrira sa camionnette au plus offrant.
Pour Raphaël, pas question d’accepter de conduire une camionnette de fond de peloton. Il est là pour gagner et performer et ne veut pas se battre pour une 25e position. Et comme il nous a expliqué, si les grosses équipes ciblent des pilotes de talent et négocient avec eux, les plus petites équipes y vont au plus fort la poche et ça explique pourquoi en tant que fan on se gratte la tête de voir des pilotes continuer de revenir semaine après semaine malgré leur talent très limité.
Le plan pour les prochaines semaines pour le Beauceron est de demeurer en Caroline du Nord encore pour quelques semaines. Toutes les équipes y sont basées et dans ce domaine, il ne faut pas se faire oublier. Si cela ne fonctionne pas, il va regarder toutes les options qui s’offrent à lui au Québec ou ailleurs et ne refusera aucune proposition de conduire une voiture lui permettant de montrer l’étendue de son talent. La seule chose, c’est que ce volant doit lui être offert et non loué parce qu’il n’a plus de fonds à investir.
Je l’ai questionné à savoir si les choses auraient été différentes s’il était resté avec l’équipe de Kyle Busch Motorsports. « Avec KBM, on aurait vécu la même situation dans laquelle je suis présentement. Ma saison se serait peut être même terminée plus rapidement à cause du budget », disait Lessard. Évidemment, le retour en force de son ancienne équipe peut être un peu choquant par rapport à l’année dernière mais il a expliqué qu’en NASCAR tout est un cycle. Les Toyota ont trouvé quelque chose et ont pris les bonnes décisions. GMS Racing a plus de difficulté en 2021 mais avait 3 des 4 finalistes avec eux en 2020.
La pandémie n’a pas été facile pour la très grande majorité des entreprises et évidemment, cela s’est fait ressentir sur l’appui que reçoit Lessard. Plusieurs compagnies ont été plus frileuses et n’ont pas embarqué avec lui. Lors de l’émission Cette Semaine aux Courses, on a soulevé la possibilité que ce soit plus difficile pour un Canadien de se faire appuyer aux États-Unis. Il m’a répondu que c’était le cas mais il nous a dit qu’il pensait que d’être justement le seul Canadien en piste aurait pu l’aider et que les compagnies canadiennes avec des intérêts pour le marché américain auraient pu saisir l’occasion mais ce ne fut pas le cas.
Lessard est tout de même très content du bout de saison qu’il a pu passer avec GMS Racing. Il a appris beaucoup et a pu côtoyer des figures importantes des courses comme Scott Speed et Kyle Larson. Je lui ai d’ailleurs demandé si Larson pouvait peut-être l’aider à trouver un volant mais il m’a rappelé que Yung Money revient de loin et que lui-aussi est constamment à la recherche d’appuis financiers. Présentement, c’est Rick Hendrick qui est le principal commanditaire de la voiture 5.
Maintenant, on ne peut qu’espérer que Raphaël Lessard puisse ouvrir les yeux des entreprises québécoises, canadiennes ou américaines et que celles-ci voient que ce pilote est un diamant brut. On parle d’un talent d’exception. Présentement, c’est comme si Cole Caufield ne pouvait pas jouer avec le Canadien parce qu’il n’a pas le support financier pour le faire. On se prive d’un talent incroyable. Mon souhait le plus fort est de revoir Raphaël Lessard avec GMS en 2022 comme annoncé par l’équipe. Mais pour cela, il faudra des appuis financiers et ce sera des mois très importants pour Raphaël qui arrivent. Son avenir est en jeu dans NASCAR.