Sous l’égide de Dirt Motorsports et lors des 44 Super Dirt Week a y avoir été présentés (1972 à 2015), plusieurs pilotes ont connu la notoriété. Il était commun de penser que si vous gagnez une épreuve principale lors du Super Dirt Week, vous venez de passer à l’histoire et que tout le monde des courses se souviendra de vous. Les plus grands de diverses disciplines telles les Modifiés de Dirt, les Champ Car de la USAC, les Super Mod d’Oswego, les sprints des WoO, les DIRT Pro Stock et autres ont tenté d’y laisser leur marque, mais seul l’élite y est parvenu. Voilà ce que signifiait gagner à Syracuse. Vous aviez plus que vaincu les meilleurs de votre discipline, mais vous aviez maîtrisé un site de course exceptionnel. Un jour alors que je parlais avec Jacques Lalancette lors de l’une de ses présences à Syracuse, il m’informait sur sa vision des choses pour faire un bon temps lors des essais chronométrés. Il me disait : « Tu approches de la courbe #3 et tu as envie de lever le pied, mais ça prend comme une tonne de briques sur ton pied pour faire une fraction de seconde de plus sur l’accélérateur avant de le retirer. » Il est vrai qu’aucune piste régulière du samedi soir confronte un pilote à une telle sensation.

1980 Balough et sa batmobile
S’il y a un événement qui a marqué la piste de Syracuse, c’est sans hésitation la « Batmobile » et son pilote Gary Balough lors du Super Dirt Week de 1980. Balough avait gagné cette classique 3 fois antérieurement soit en 1976-77 et 78 mais il n’avait jamais dominé de façon aussi outrageuse. Il y avait lui… et les autres. Après n’avoir effectué que 6 tours de pratique, il a battu le temps le plus rapide lors des essais chronométrés par presque 3 secondes sur les années antérieures avec un temps de 31.957 secondes. Préparée par Kenny Weld dans ses locaux de Kansas City, Missouri, cette voiture n’avait rien de conventionnel. Un mois avant le Super Dirt Week, Kenny Weld avait demandé à ce qu’on lui envoie le Directeur Technique de Dirt (toute dépense payée) pour y jeter un coup d’œil. J’étais en présence de Glenn Donnelly à Syracuse lorsque l’inspecteur technique délégué a fait son rapport en déclarant : « Vous ne pouvez imaginer ce que j’ai vu. Cette voiture n’a rien en commun avec nos Modifiés actuels, mais alors que nos règlements pour cette classe ne comportent qu’une seul page dans le livre et sont basés sur des minimums, ce bolide est conçu sur des maximums à tous points de vue. » Avant le départ de la course, Kenny Brightbill me déclarait : « C’est la première fois de ma vie que je cours pour une 2ième place. » De ma tour de signaleur aux virages 3 & 4, il avait le son d’un moteur au « idle ». Également, nous avons appris plus tard, que lors du 30ième tour le moteur aurait eu une avarie en brisant un culbuteur (rocker arm). Après en avoir informé son équipe, Kenny Weld lui répond : « Continue, il arrivera ce qu’il arrivera. » Le reste de la course a ét fait sur 7 cylindres et ne l’empêchait pas de mener 98 des 125 tours jusqu’à la victoire. Ça vous donne une idée de sa domination… Suite à cet événement d’une durée de quelques jours, les Mod venaient d’évoluer de plusieurs années. Sans l’ombre d’un doute, 4 décennies plus tard, ce moment demeure l’un des faits les plus saillants du Super Dirt Week de Syracuse.

1990 « Head starter » à Syracuse
Si vous me permettez de vous en faire part, j’avais toujours eu une ambition comme signaleur. J’avais espéré un jour être le signaleur en chef du Super Dirt Week de Syracuse. Je m’étais fixé l’objectif que si j’y parvenais ce serait pour moi la fin de ma carrière comme signaleur. Ce fut fait lors du Miller 300 de 1990. Par la suite, pour les 20 ans qui suivront, je serai un Directeur de course pour Dirt Motorsports.

1994 Billy Pauch et son record de piste
Le 8 octobre 1994, Billy Pauch est passé à l’histoire en effectuant un record de piste avec un temps de 24.825 secondes au volant d’un Sprint de la série des WoO, à la vitesse moyenne de 144.590 mph . Ce record, pour une piste de un mile, a été établi lors des essais chronométrés et n’a jamais été battu par la suite. 24 heures plus tard, après avoir mené de file en file, il gagnait l’épreuve principale. Originaire du New Jersey, un livre vient d’être publié sur lui qui s’intitule : « THE LAST COWBOY, The life and times of Billy Pauch ».


1985 Brett Hearn
On pourrait dire que les années 80 et 90 ont été celles de Brett Hearn, mais en fait ce fût plus que ça. En effet le succès de Brett s’échelonne sur une période de 27 ans sur le mile de Syracuse. Avec 6 victoires en « Big Block » (1985-90-91-93-95 et 2012) non seulement il a dominé cette division, mais il en a fait autant avec 6 autres victoires en 358 sur une période de 23 ans… Que dire de plus que « Bravo Champion! »

2015 Le dernier gagnant
Vainqueur en 2010-2011 et 2014, qui d’autre que Stewart Friesen pouvait se permettre de mettre son nom sur ce qui sera la dernière grande finale à avoir été présentée en 2015. Coureur multidisciplinaire, il était quasi normal que ce soit lui qui écrive cette page d’histoire. D’autant plus qu’il est un coureur de 3ième génération, son grand-père Stan a fait partie des premières années du Super Dirt Week en tant que coureur lors des années 70.

Jimmy Horton « The Sensational » ?
Le compétiteur qui a répondu « présent » au plus grand nombre de Super Dirt Week, est nul autre que mon bon ami Jimmy Horton de Neshanic Station, NJ. Après avoir manqué les 3 premiers Super Dirt Week, sa première présence sera en 1975 à l’âge de 19 ans. Il ne sera absent qu’à une seule autre occasion à cause d’un conflit d’horaire, alors qu’il courait en Nascar Winston Cup. En plus de ses 2 victoires au SDW, soit en 1987 et 1994, Jimmy a tenté sa chance dans 40 des 44 Super Dirt Week de Syracuse. Parmi les centaines de compétiteurs à s’y être inscrits, il détient le record de présences au Super Dirt Week. Il y a également compétitionné en classe 358 de même qu’en Sprint avec les WoO. Pour toutes ces raisons, il mérite certainement le titre de : « MONSIEUR SYRACUSE ».

La fin d’un site historique
On pourrait dire incroyable mais vrai. Lorsqu’à l’automne de 2015, le Gouverneur Cuomo annonçait la fin de la piste de Syracuse ainsi que la démolition de son estrade. C’était comme un mauvais rêve pour plusieurs amateurs de course. Certes que Syracuse n’a pas toujours présenté le meilleur spectacle de course, mais c’était la tradition, le glamour, la stratégie et bien plus encore ce qui se rattachait à ce mythique site de course unique en son genre. Durant le siècle de son existence, combien de légendes s’y sont créées, de traditions se sont perpétuées, de secrets bien gardés et de mystères oubliés avec le nombre des années. On aura beau repositionner le Super Dirt Week, on ne remplacera jamais SYRACUSE.