La liste de souhaits d’un amoureux de Formule 1 se doit d’être conservatrice. Dernièrement, ce n’est pas un sport qui nous a habitué au suspense. Si votre intérêt pour la course réside dans la réponse à la question « Qui va gagner ? », probablement que vous n’y êtes plus depuis plusieurs années. Revenez, chers amis. La Formule 1 de 2021 va vous déstabiliser. Ceux qui prendront le journal de demain et verront que Lewis Hamilton est allé chercher les 25 premiers points penseront que rien n’a changé, au contraire. Voici mon premier tour de roue pour ce site web de passionnés de course automobile. Je tenterai ici, selon l’ordre d’arrivée, d’évaluer le travail des pilotes le dimanche, jour des chevaux vapeurs.
NUMÉRO 1 – LEWIS HAMILTON
Pour la première fois depuis 2013, il ne roule pas la meilleure voiture. Et pourtant, le voici premier au drapeau à damier. Le septuple champion du monde met cette première course dans sa poche en raison de son immense talent, que ce genre de situation nous permet d’apprécier davantage. Parti second sur la grille, il a patienté jusqu’aux premiers arrêts aux puits pour prendre la tête. Je pense que la stratégie de Mercedes a supplanté celle de Red Bull. Rentrer plus tôt, profiter d’une piste libre avec une gomme pourtant plus dure, en exploitant la faille au règlement au virage numéro 4. Stupide comme l’est la FIA, on sanctionne une mauvaise négociation des limites de piste le samedi, mais on ne le fait pas le dimanche. Verstappen n’ayant pas lu le mémo, Hamilton est allé chercher des dixièmes à chaque tour pour réussir l’undercut. Concédant la meilleure voiture, profitant du talent et du meilleur choix stratégique, le Britannique roulait en tête dans la dernière séquence de la course et a défendu de main de maître sa position devant un Hollandais affamé. Victoire par décision serrée mais unanime. La première à Lewis.
NUMÉRO 2 – Max Verstappen
C’est un délice de voir Max partir premier. C’est mon pilote favori. Il a enfin la monture pour lui permettre d’exprimer la pleine étendue de son talent. Son plus grand adversaire cette saison sera Max Verstappen. Fougueux, impulsif, impatient, l’encore très jeune et pourtant vétéran pilote Red Bull est capable des plus beaux coups de volant, mais aussi de geste auto-destructeurs. Il va se frotter au meilleur pilote de l’histoire et sa défaite d’aujourd’hui est la preuve qu’il devra en faire davantage. Sur le plan stratégique, Red Bull aurait dû dicter la voie. Ils le savent, pourtant, mais leurs championnats du début des années 10 doivent remonter à trop loin. Leur pilote partait premier et roulait la meilleure voiture. Comment expliquer qu’on rate notre stratégie d’arrêts aux puits ? Maintenant, la responsabilité de Max, c’est de rouler de meilleurs tours que Lewis pour aller gagner sa position. Il ne l’a pas fait et lorsqu’il l’a dépassé, il a enfreint les limites de piste et a dû redonner à Hamilton la tête, probablement en vomissant dans sa bouche. Ses pneus étaient ensuite ruinés. Il a été tout simplement battu. La faute à Verstappen, qui accuse 7 points de retard. Puisqu’on en donnera encore 550 aux vainqueurs d’ici la fin de l’année, pas de panique. Tant mieux pour nous, il y aura une course entre Max Verstappen et Lewis Hamilton, appuyés par des personnages de soutien fort intéressants.
NUMÉRO 3 – Valtteri Bottas
Bottas. Probablement le Finnois pour « second ». Il y a une différence entre grand pilote et bon pilote. Il y a rarement de mauvais pilotes à ce niveau. Le Finlandais a obtenu la place logique qui lui revenait. C’est-à-dire qu’en roulant une Mercedes, sachant que Perez part des puits, tout ce qui est en bas de la 3e position aurait été une contre-performance. Si aucun astéroïde ne tombe sur la tête de Verstappen ou Hamilton, il ne peut pas les battre à la régulière. Fin de l’histoire. Meilleure chance la prochaine fois. Point bonus pour le meilleur tour, parce qu’il n’y avait pas de possibilité ni devant, ni derrière. C’est comme ramasser un billet de 5 dollars par terre. Tu regardes autour, personne, *siffle*.
NUMÉRO 4 – Lando Norris
Le héros obscur de cette épreuve. Loin des caméras internationales, Lando avait raison de demander si c’était pour lui les feux d’artifice, à la fin de la course. Il a prouvé par sa 4e position au drapeau à damier que la McLaren a réintégré dans un temps record le moteur Mercedes, faisant la leçon aux Aston Martin et Williams qui roulent avec ce groupe motopropulseur depuis longtemps.
NUMÉRO 5 – Sergio Perez
Le pilote du jour. Il a le numéro du désert, lui qui l’an dernier, au Grand Prix du Sakhir, avait connu toutes les positions, de la dernière à la première au fil d’arrivée. Certainement le pilote ayant le mieux réussi sa conversion d’écurie (et à ce chapitre, il y avait beaucoup de compétition). Victime de l’écran bleu de la mort pendant le tour de chauffe, il s’est élancé des puits et a débuté une journée de travail à la Perez. Red Bull a une chance aux titres des constructeurs contre Mercedes parce que Verstappen a maintenant un coéquipier constant, capable de ramasser des points sur la route comme un métronome. J’ai bien hâte de les voir se battre pour la pôle, lorsque le Mexicain sera pleinement installé dans son nouveau siège.
NUMÉRO 6 – Charles Leclerc
Fini la Ferraillerie. Cette voiture pourrait même, si les circonstances le permettent, gagner un grand prix cette saison. C’est tout un retour après le flop de l’an dernier. Fidèle à son habitude, le Monégasque a tiré le meilleur de sa monoplace, dont le moteur promet de lui donner les outils de déranger l’ordre établi à l’avant. Qualifié 4e, cette 6e place n’est pas une déception, mais un espoir de fiabilité après une année 2020 à oublier pour la Scuderia.
NUMÉRO 7 – Daniel Ricciardo
Beau premier week-end en orange. L’Australien aura besoin de temps pour se familiariser avec sa monoplace. Pilote talentueux, il n’est pas celui qui réagit le mieux au changement. C’est paradoxal qu’il en soit à sa 3e écurie en 4 ans, des changements qu’il a lui-même voulu. Tout compte fait, ces points de 7e position représentent une belle récolte. Il pilote une meilleure voiture que l’an dernier, voyons voir ce qu’il en fera.
NUMÉRO 8 – Carlos Sainz
Des beaux flashs, des moins beaux. Un peu le résumé de la carrière de Sainz. Il aura son ancienne voiture dans les jambes toute la saison. Ferrari et McLaren se livreront une chaude lutte toute l’année, et on verra si ce sera Sainz ou Riccardo qui aura fait le meilleur choix de carrière. Laissons-lui le temps de s’adapter, mais il sera tôt ou tard lui aussi comparé au prodigieux Charles Leclerc. Et tôt ou tard, il en souffrira.
NUMÉRO 9 – YUKI TSUNODA
Le trophée Calder de la fin de semaine. La recrue a profité de chacune des opportunités pour briller. Roulant avec le même Honda que les Red Bull à l’avant, il sera difficile à dépasser pour les voitures au milieu du peloton. Les caméras ne nous ont pas montré sa lutte pour ravir la 9e position à Lance Stroll, mais Lawrence a dû s’étouffer avec son caviar. Alpha Tauri a remporté un Grand Prix l’an dernier, il ne faut pas l’oublier.
NUMÉRO 10 – Lance Stroll
Il a sauvé la mise pour un week-end catastrophique pour Aston Martin. On n’a pas investi autant d’argent pour voir cette voiture battue par une Alpha Tauri. Après une course, on peut déjà accuser un grand recul avec cette mouture verte versus la Mercedes rose. Stroll a bien piloté, s’est bien battu avec Fernando Alonso. L’Espagnol est venu reprendre sa place grâce à l’undercut, mais le Canadien lui a refait le coup au DRS. Je ne peux juger de la fin de la course, puisqu’au moment d’écrire ces lignes, je n’ai pas vu Tsunoda lui ravir la 9e position. Lance s’est bien qualifié, mais se battre pour le dernier point disponible semble être le destin 2021 d’Aston Martin. En souhaitant ici me tromper, ce qui arrive souvent, en passant.
NUMÉRO 11 – Kimi Raïkkönen
De voir les 2 Alfa Roméo à la porte des points me prouvent que Ferrari a réussi son moteur 2021. C’est rassurant de voir cette écurie mieux performer, c’était malaisant de voir le vétéran finlandais en fond de grille l’an dernier.
NUMÉRO 12 – Antonio Giovinazzi
Il est plutôt passé inaperçu, mais il sera heureux de voir la possibilité de marquer des points. Cette saison 2021 est sa dernière chance de s’assurer d’un volant à long terme en Formule 1. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas eu un Italien en Formule 1, mais je ne pense pas qu’il figure dans les plans de Ferrari. À lui de les faire mentir.
NUMÉRO 13 – Esteban Ocon
J’avais beaucoup d’attentes pour ce pilote, mais il s’enlise. C’est dans une totale indifférence qu’on le voit finir loin des points. Pas très concluant ce premier week-end pour Alpine, mais Ocon connaissait cette voiture qui s’appelait Renault l’an dernier. Alonso sort de sa retraite, qualifie mieux que lui et n’eut été d’ennuis techniques, se serait battu jusqu’à la fin pour marquer des points. The clock is ticking Esteban, comme on dit en France.
NUMÉRO 14 – George Russell
La saison sera longue. Piloter la meilleure voiture pendant un grand prix l’an dernier, retourner dans la Williams. Au moins, les nouveaux propriétaires l’ont développé et ce n’est plus la honte qu’elle a été dernièrement. Malheureusement pour George, Lewis est immunisé contre la COVID-19. Pour l’amour de la F1, donnez à Russell le volant de Bottas. Soyons patient, Hamilton n’a signé que pour un an. Encore ce week-end, George Russell a fait beaucoup avec peu, sa marque de commerce.
NUMÉRO 15 – Sebastian Vettel
Veut-il vraiment courir encore en Formule 1 ? 2 réprimandes et 5 points d’inaptitudes plus tard, l’Allemand débute dans le vert comme il l’a terminé dans le rouge. J’ai de la misère à parler de lui comme un quadruple champion du monde. Les erreurs mentales, les décisions stupides, on pouvait les comprendre dans le contexte de l’an dernier. Avec l’énergie dépensée dans le retour de la marque Aston Martin, Vettel se doit d’être compétitif. Rien n’excuse sa 15e place. Malchanceux sur un jaune en qualif, n’a pas respecté l’autre drapeau de même couleur. Parti dernier, aurait dû faire mieux par la suite. Sergio Perez n’aurait pas terminé 15e.
NUMÉRO 16 – Mick Schumacher
Réentendre ce nom de famille en F1, c’est merveilleux. Le voir courser avec cette poubelle nommée Haas, c’est désolant. Le champion en titre de F2 va trouver l’année bien longue. Comme George Russell dans les 2 dernières années, il devra nous prouver qu’il peut en faire beaucoup avec peu. Et ça voudra dire se qualifier pour Q2, une fois sur 23. Déjà là, je pousse un peu.
NUMÉRO 17 – Pierre Gasly
Dimanche de malchance, mais week-end tout de même prometteur. Son coéquipier recrue dans les points et sa surprenante 5e place sur la grille de départ sont la base sur laquelle bâtir cette saison. Pierre roule avec confiance. Si Red Bull ne lui donne pas une deuxième chance avec un volant compétitif, une autre écurie le fera. Vous verrez Pierre Gasly dans les points régulièrement.
NUMÉRO 18 – Nicholas Latifi
Dès le départ, Latifi s’est plaint de problème avec son moteur Mercedes. Il marchait donc sur des œufs et ne pouvait pas réaliser de temps intéressants. Williams l’a fait rentrer pour préserver son moteur. On évaluera le Canadien à la prochaine épreuve.
NUMÉRO 19 – Fernando Alonso
Il en a encore dans le ventre. Mais qui en doutait vraiment ? Le double champion a été contraint à l’abandon, mais il a prouvé qu’il n’était pas rouillé. Je doute que la Alpine soit au niveau des McLaren, Ferrari, Aston Martin et Alpha Tauri. Ils vont certainement tenter d’y remédier, car Renault n’est pas en F1 pour se contenter de Vaincre Alfa Roméo, Haas et Williams.
NUMÉRO 20 – Nikita Mazepin
Déjà surnommé « Maze Spin », son entrée en scène dans le cirque de la F1 était digne de l’otarie qui échappe le ballon. Ce week-end, il a été le pire pilote, pilotant la pire monoplace. Tête à queue en qualif, tête à queue en course, abandon. Laissons-lui le temps, comme les autres, mais il va falloir nous expliquer sportivement sa présence en Formule 1. Je ne supporterai aucune comparaison avec Stroll, dans le groupe des fils de riche. Nikita n’a rien gagné pour se retrouver là. Si ce week-end se répète trop souvent, on va questionner les critères pour l’obtention d’une super-licence.
En conclusion, ce premier chapitre d’un total de 23 a livré la marchandise. Dans les bémols, il y a les pneus Pirelli. Trop souvent sommes-nous privé de spectacle parce que les pneumatiques ne supportent plus la compétition en fin de course. Vivement des pneus qui permettent aux pilotes de dépasser jusqu’au dernier virage. Je questionne aussi le fait qu’on ait rigoureusement pénalisé les pilotes qui sortaient trop large au virage 4 lors des qualifications et qu’on les a laissé faire le dimanche en course. Le circuit sur lequel on se qualifie devrait, en mon sens, être le même sur lequel on course le lendemain. 3 semaines avant Émilie-Romagne, ça va être long !
POWER RANKING DE LP GUY
#1 Mercedes | –
#2 Red Bull | –
#3 McLaren | –
#4 Ferrari | +3
#5 Alpha Tauri | +2
#6 Aston Martin | -2
#7 Alfa Romeo | +1
#8 Alpine | -3
#9 Williams | +1
#10 Haas | -1