Le grand cirque a souvent eu besoin que les éléments s’en mêlent pour que le spectacle prenne vie. Dans un championnat vieux d’une course mais déjà prometteur en rebondissements, c’était un extra de voir apparaitre du temps gris à la retransmission internationale. Lewis Hamilton en pôle, Max Verstappen directement derrière lui en 3e place. En qualifications, le bronze est souvent une meilleure couleur que l’argent, même si Sergio Perez pouvait se vanter d’avoir coiffé le Néerlandais à Q3 et de partir en première ligne pour la première fois. Puisqu’on tourne dans le sens contraire des aiguilles d’une montre à Imola, faisons l’ordre inversé cette semaine.
NUMÉRO 20 – Nicholas Latifi
Un dimanche à oublier, mais un samedi porteur d’espoir. Pour une première fois depuis qu’il est en F1, le Canadien n’a pas eu à pâlir de comparaison avec son coéquipier Russell. Même s’il ne l’a pas devancé sur la grille de départ, sa présence à Q2 lui donnant une 14e place est le signe d’une nette amélioration. Il a même roulé plus rapidement que l’Anglais lors de Q1. En course, il s’est planté. Ce n’est pas sa tasse de thé, les conditions mouillées et on l’a encore bien vu. Tête à queue, regagne la piste, ne voit pas la Haas et c’est la catastrophe, il se sort et prive Williams d’une chance aux points. Fin des émissions.
NUMÉRO 19 – George Russell
Brillant d’une superbe 12e position au départ de la course, marquer des points était un espoir réaliste pour Williams ce week-end en Italie. Belle progression de cette monoplace profitant de nouveaux propriétaires sérieux. Talentueux comme il s’en fait peu, Russell a quelque chose dans les mains avec lequel travailler. Tout allait tellement bien que le pilote anglais a eu une opportunité de dépasser une Mercedes(!), celle de Bottas bien sûr. La manœuvre était culottée, Bottas a refermé un peu tard sur à droite, laissant très peu de place à Russell dont le pneu arrière a touché le gazon détrempé, causant un mouvement de tête à queue vers sa gauche et heurtant le plein fouet le Finlandais. Course terminée pour les deux, dans un crash spectaculaire. Après la course, les deux pilotes se sont rejeté la faute sur l’autre, mais en réalité, elle est partagée. Peu importe les circonstances, je n’ai pas aimé les images de Russell, en beau fusil, qui va invectiver Bottas, encore assis dans sa monoplace. Ok, Valtteri lui a montré le doigt d’honneur. Aucune idée de ce qui s’est dit, mais le fait est qu’un pilote qui demeure assis dans sa monoplace accidentée est un pilote ébranlé, blessé ou pire. Je préfère 2 pilotes debout qui s’engueulent. « Je lui ai demandé s’il essayait de nous tuer tous les deux. » s’est défendu George. Moi aussi George, je t’aurais montré le doigt. Même si je t’aime. La tapoche d’après sur le gars encore assis n’était pas belle à voir. On peut encore remercier le halo de façon ironique.
NUMÉRO 18 – Valtteri Bottas
Un week-end à oublier. Une énigmatique 8e place sur la grille de départ, avec le même bolide que celui qui a décroché la pôle. Ne s’étant pas racheté au départ, il a roulé loin des caméras pendant toute la course, avant qu’on assiste à un épisode où une Williams(!) tente de le dépasser. Trouvez l’erreur. Pour ce qui est de l’accident, le dossier est clos dans le paragraphe précédent. J’espère qu’il est correct. Aucun pilote ne sera sanctionné, a-t-on appris après la course.
NUMÉRO 17 – Nikita Mazepin
Absolument, mais absolument aucun intérêt. Bravo de ne pas être responsable du crash de Latifi ? Passe.
NUMÉRO 16 – Mick Schumacher
Des conditions difficiles pour la recrue. Gagner sous la pluie était la marque de commerce du père. Le faire dans une Formule 1 de queue de peloton est ingrat. Une piste détrempée a un effet paritaire, mais pas tans que ça. On l’a vu, comme plusieurs, partir seul en tête à queue. Ça parait moins bien puisque c’est arrivé sous neutralisation. Il a détruit son museau, à la sortie des puits, ce qui a causé la situation ironique de devoir fermer temporairement la ligne des puits. Il a dû rouler sans l’aileron quelques tours de plus. Comme je l’ai écrit ici il y a 3 semaines, ce sera difficile d’évaluer Shumi junior, avec la voiture qu’il pilote cette année. Heureusement, il lui reste 21 courses pour au moins prendre de l’expérience.
NUMÉRO 15 – Sebastian Vettel
La léthargie du quadruple champion ne s’est pas stoppée à Imola. Battu par Stroll en qualif, jamais dans le coup en course, victime d’ennuis techniques et retiré de la course avant le damier pour présenter l’un des 3 moteurs de la saison. Vettel devra en faire plus pour nous montrer que ça l’intéresse encore.
NUMÉRO 14 – Antonio Giovinazzi
Après s’est chicané avec Mazepin en qualifications, Giovinazzi pilotait une Alfa Roméo profitant de l’évolution Ferrari pour causer la surprise. Si son vétéran coéquipier a marqué des points, la stratégie d’Antonio l’a fait terminer derrière.
NUMÉRO 13 – Yuki Tsunoda
A connu une fin de semaine ordinaire. Après s’est montré très confiant devant les médias, a vu sa séance de qualification se terminer dans le mur, provoquant le drapeau rouge. En course, parti dernier, on l’a vu mener de belles batailles, mais il n’a pas tiré avantage d’une voiture compétitive. Juste avant le drapeau rouge, il a reculé en raison d’un tête à queue. Les points étaient à sa portée, mais il a raté son coup sur la piste humide. Après avoir été une recrue bien en vue à Barheïn, le bilan est décevant ici. À la prochaine Yuki.
NUMÉRO 12 – Sergio Perez
Je m’attendais à plus du Mexicain, partant 2e après un samedi extraordinaire. Très bon sous la pluie, il a connu quelques ennuis techniques, dont la nécessité de changer de volant lors d’un arrêt au puit, des images qu’on voit rarement. Ça s’est fait dans un temps record, mon garagiste a pris des notes. Une erreur dès le premier tour lui a fait perdre une place au profit de Leclerc. Il a glissé hors-piste pendant la voiture de sécurité puis son cerveau a planté quelques secondes a repris les 2 places perdues. On ne peut pourtant pas dépasser sous une neutralisation et il donc a subi une pénalité de 10 secondes, la plus coûteuse des sanctions. Ça aurait été pas mal que son ingénieur lui glisse à l’oreille de redonner la place aux 2 pilotes qu’il avait passés, mais ce n’est pas arrivé. Après ce long arrêt, revenant avec des pneus pour le sec, il a raté la chicane Villeneuve pour le sortir des points. Verstappen et Hamilton n’ont donc pas pu compter sur leur coéquipier pour contribuer au championnat constructeur. Jeu égal Red-Bull-Mercedes. Je crois quand même que Perez va faire mieux que Bottas dans ce qui suivra.
NUMÉRO 11 – Kimi Raïkkönen
Vous pensiez qu’il avait réalisé l’exploit de marquer 2 points en pilotant une Alfa Roméo plus compétitive qu’à l’habitude en fin de semaine, mais une décision des commissaires est tombée après la fin de la course. Son offense est survenue après le drapeau rouge lors de l’incident Russell-Bottas. On a jugé qu’il n’avait pas respecté le règlement juste avant la reprise. Dans le tour précédent le départ lancé, la voiture de sécurité a éteint ses gyrophares dans le virage 10. À ce moment, le Finlandais ne pouvait plus regagner les positions qu’il venait de perdre dans une sortie de piste. Comme l’avait fait plus tôt Perez, Kimi est rentré en piste en doublant entre les virages 13 et 14. Ça aurait mérité 10 secondes de pénalité lors d’un arrêt en course, mais comme la sanction est venue après la course, on a ajouté 30 secondes à son temps final. Ocon et Alonso en ont profité pour monter au tableau final. En encaissant le choc de la nouvelle, le visage de Kimi déçu a dû ressembler à celui de Kimi qui vient de remporter une course.
NUMÉRO 10 – Fernando Alonso
J’avais quasiment oublié qu’il était de retour en Formule 1. Très visible lors de la levée de rideau, il s’est fait totalement éclipser par son coéquipier en qualifications et en course. À la porte des points, on peut quand même lui lever notre chapeau d’avoir survécu à ces conditions difficiles. Onzième au fil d’arrivée, il marquera son premier point depuis son retour grâce à la pénalité infligée après la course à Kimi Raikkonen.
NUMÉRO 9 – Esteban Ocon
Débutant le Grand Prix avec des pneus de pluie plutôt qu’intermédiaire, il s’était tiré dans le pieds dès le départ. Le drapeau rouge au milieu de la course aura redonné vie au pilote normand. Il a su tenir en respect son coéquipier et décrocher ses premiers points de la saison. C’est au final très positif pour le jeune espoir dont le développement a plafonné depuis son retour en Formule 1.
NUMÉRO 8 – Lance Stroll
Les mauvaises langues vont dire qu’on l’a doté d’un coéquipier qu’il allait pouvoir battre, mais on parle quand même d’un quadruple champion du monde, alors un peu de respect pour Vettel. Malgré une Aston Martin en recul sur la Racing Point de l’an dernier, Stroll s’est taillé une place à Q3. Il a vu son meilleur temps annulé à cause des limites de piste, alors ce fut la 10e plutôt que la 9e place sur la grille de départ. Très à l’aise sous la pluie, il a vite remonté jusqu’au 7e échelon dès le départ. A ensuite participé à une belle lutte pour la 6e position. On l’a vu un peu plus tard effectuer une belle manœuvre pour dépasser la Mercedes de Bottas, en perdition. Septième lorsqu’au drapeau à damier, on a établi après la course que le Canadien avait fauté en dépassant Gasly en dehors des limites de la piste. Il avait fait une petite excursion hors-piste après avoir complété le dépassement sur le Français. Je pensais qu’on lui donnerait le bénéfice du doute, puisqu’il avait réussi la manœuvre. On a donc jugé que cela faisait partie du dépassement et donc qu’il aurait dû redonner la position à Gasly, ce qu’on a fait après la course en infligeant à Stroll 5 secondes de pénalité à son temps final. Une 8e place pas trop mal quand on considère qu’il faut modérer notre ambition envers cette bagnole verte décevante. Au travail les ingénieurs!
NUMÉRO 7 – Pierre Gasly
L’autre Français aussi a bien fait. Superbe résultat en qualifications, lui octroyant une 5e position sur la grille de départ, devant les 2 McLaren et une Mercedes! Comme Esteban, il est partie avec le pneu qui avait la bande bleue, moins rapide que la verte. On avait fait le pari que la pluie s’intensifierait, mais ils n’ont pas pris la météo au bon canal. Gasly a connu un bon départ mais a freiné trop tôt en approchant du premier virage. Ricciardo en a profité et roulait 6e lors de la neutralisation. Ensuite, la pluie s’est estompée et une bande de plus en plus sèche s’est dévoilée sur la piste. Sa AlphaTauri sur pneus de pluie s’est fait manger tour à tour par chaque pilote en intermédiaire qui le dépassait comme s’il était un petit monsieur en chapeau sur l’autoroute qui ne sort que pour aller à la messe. Lui aussi, après le drapeau rouge, s’est bien repris avec le train de sec à gomme médium. Il a du talent ce Pierre. Huitième au fil d’arrivée, il prend la 7e place grâce à la punition de Stroll.
NUMÉRO 6 – Daniel Ricciardo
Plus lent que son coéquipier, il a dû le laisser passer. C’est dur à encaisser, pour un pilote qui a gagné des courses dans un passé assez récent et qui a changé depuis 2 fois d’écurie pour rassembler les conditions gagnantes. Des beaux points de 6e place, mais qui ne vont pas le consoler. Norris est rapide, à l’aise dans sa McLaren, alors que Ricciardo est encore en train de se familiariser avec les réglages. Il avait réussi à tenir tête à Norris qui partait une position derrière lui, mais n’a pas tiré le meilleur de ses pneus ni en intermédiaires, ni en sec. Une belle opération pour l’écurie, mais un coup à l’orgueil de l’Australien qui a dû ravaler sa fierté.
5- Carlos Sainz
Après un samedi décevant, le pilote Ferrari parti 11e a mené une belle course et a su tirer avantage des éléments pour aller chercher des gros points de championnat pour la Scuderia. Il a encore besoin de plusieurs kilomètres au volant de sa nouvelle monoplace pour en tirer le meilleur et s’approcher de Leclerc en qualif, mais son travail aujourd’hui en course a été exemplaire.
4- Charles Leclerc
Parti 4e, fini 4e, mais il ne faut pas croire que la course a été un long fleuve tranquille. À partir du drapeau rouge, sa radio s’est éteinte. Il ne savait donc pas que les commissaires avait pris la décision d’effectuer un départ lancé plutôt qu’arrêté. Il a dû « pogner de quoi » quand il a vu les meneurs partir en trombe devant lui. Il s’est bien adapté, conservant sa position. Il sort de cette course avec un goût amer, malgré les points. Il roulait vers un podium, avant que Hamilton lui ravisse sa place sur les marches d’honneur. Après un excellent premier segment en course, il est monté jusqu’en deuxième place avant le drapeau rouge. Ensuite, sur la piste de plus en plus sèche, il n’a pu tenir le rythme de Lando Norris et Lewis Hamilton, béni des dieux.
3- Lando Norris
Le pilote du jour selon les fans, un honneur bien mérité. Aurait pu s’élancer de la première ligne, n’eût été du règlement des limites de piste qu’il a, comme plusieurs, enfreint la veille. Il a été compétitif du début à la fin de la course, grâce à son talent conjugué à une McLaren clairement 3e meilleure voiture en piste cette année. Les nombreux rebondissements n’auront pas eu raison de son calme et parti de la 7e place, il a donné raison à son équipe de lui avoir donné la position de Ricciardo. Un podium bien travaillé, bien mérité.
2- Lewis Hamilton
Avez-vous déjà entendu la phrase « les champions font leur chance » ? Ce Grand Prix du Britannique en est la définition. Parti de la pôle suite à un tour parfait samedi, il a connu un mauvais départ, dépassé au premier virage par Verstappen. Même s’il a été mis hors-piste, il n’avait pas l’avantage et a dû s’avouer vaincu. Pour une des rares fois dans les dernières années, il s’est sorti lui-même de piste. Erreur de pilotage sur une piste humide, a foncé droit vers le muret, abimant son aileron avant. Devant attendre très longtemps avant de pouvoir activer en toute sécurité la marche arrière pour sortir des graviers, on pensait sa course terminée. La chance est venue de l’accident entre son coéquipier et la Williams de Russell, provoquant un drapeau rouge. Tout le monde est rentré, il était neuvième, a pu changer ses pneus et son aileron sans que ça lui coûte un long arrêt aux puits. De la neuvième place, avec une demi-course à faire, il était évident que Lewis Hamilton allait lutter pour le podium, ce qu’il a fait. Pas de drapeau rouge, ajoutez 30 secondes à son temps final et il termine au mieux 7e. Il n’a rien volé, mais disons que ce n’est pas par cette course qu’il va commencer lorsqu’il racontera ses exploits à ses petits-enfants.
NUMÉRO 1 – MAX VERSTAPPEN
Excellente attitude du Néerlandais. Battu en qualifs par son coéquipier et par Hamilton, il s’est réjoui d’être derrière Hamilton plutôt qu’à côté, puis a annoncé à la Babe Ruth qui pointait le champ de sa prochaine longue balle qu’il allait profiter de cet avantage pour passer le champion en titre. Réussi, peu après l’extinction des feux rouges. Il s’est montré agressif, a pris sa ligne de course déportant Hamilton hors-piste, mais puisqu’il avait déjà l’avantage à l’entrée du virage, je juge que la manœuvre était la bonne. Si tu respectes trop Lewis, il va te battre à tout coup. Et tu le sais que ce dernier est assez expérimenté pour ne pas rentrer dans ton aile, provoquant l’abandon des 2 rivaux au premier tour. Victoire bien mérité. Max Verstappen est mon choix pour le pilote du jour.
POWER RANKING DE LP GUY
#1 Mercedes | –
#2 Red Bull | –
#3 McLaren | –
#4 Ferrari | –
#5 Alpha Tauri | –
#6 Aston Martin | –
#7 Alpine | +1
#8 Alfa Romeo | -1
#9 Williams | –
#10 Haas | –