Le grand retour de Stéphane Lafrance

J’adore mon métier de chroniqueur.  Je pourrais énumérer pleins de choses qui en font le plus beau métier du monde, mais une chose que j’aime particulièrement, c’est l’opportunité d’être à l’écoute de mon interlocuteur.  Quand j’étais en route pour aller interviewer Stéphane Lafrance, mon ami et collègue Don Simpson, qui m’accompagne souvent dans mes reportages pour prendre des photos, me demande si je suis prêt.  Je lui explique que oui, en disant cependant que j’ai deux avenues complètement différentes.  Je peux parler de l’ancien pilote vedette, ou de l’entrepreneur qui obtient un succès monstre en faisant toutes sortes de pièces pour voitures de courses.  Je compte bien offrir à Stéphane de prendre l’avenue de son choix.  Après tout, c’est aussi ça qui est plaisant en faisant des entrevues.  On s’adapte à notre sujet.

 

Quand on arrive dans son atelier de St.Albert, on est chaleureusement accueillis.  Stéphane nous fait visiter les lieux et nous sommes prêts à débuter l’entretien.  Je lui demande alors quel angle il aimerait que j’utilise pour l’article, m’attendant à entendre une des deux options ci-haut.  C’est alors que Stéphane me dit: « Je veux revenir courser ».  Celle-là, je ne l’avais pas vu venir!

 

Stéphane Lafrance n’a pas coursé depuis 4 ans.  Ayant réussi à gagner plusieurs fois une panoplie de titres prestigieux, notamment en modifiés, on aurait pu penser qu’il n’avait plus de motivation, ayant prouvé qu’il pouvait gagner n’importe quoi.  Il a même reçu le prestigieux trophée Mitch Jock Award, pour son dévouement envers le sport.   De plus, son entreprise Trick Race Parts l’occupe à temps plein et reçoit des commandes de partout.  Bref, il ne revient pas par ennui.

 

 

 

Il faut comprendre une chose.  Stéphane Lafrance a toujours été mené par sa passion, qui date de sa jeune enfance.  Fils du regretté Marcel « The Hammer » Lafrance, Stéphane a grandi dans les courses.  Alors qu’il est âgé de 6 ans, le pilote Jimmy Shampine lui demande, ainsi qu’à ses frères, s’ils veulent piloter comme leur père un jour.  « Je suis le seul qui a dit oui », me répondit-il fièrement!

 

Quelques années plus tard, il allait à l’école à St.Albert avec son ami Raymond Lavergne.  (Oui, oui, LE Raymond Lavergne).  Stéphane me raconte que lorsqu’il est en cinquième année, l’enseignante demande à ses élèves ce qu’ils visent faire lorsqu’ils seront plus grands.  Il répond alors qu’il sera un pilote de course ayant beaucoup de succès.  L’enseignante lui demande alors de choisir quelque chose de plus réaliste, mais Stéphane refuse: il sera un pilote de course, point final.  Quand vient le tour de Raymond, il répond qu’il sera propriétaire d’une ferme de poulets.  L’enseignante aurait apparemment voulu commenter, mais Raymond ne lui a pas laissé le temps:  « Tut, tut, tut… J’aurai une ferme de poulets ».  Plusieurs années plus tard, cette même enseignante est venue assister à une course à Cornwall.  Stéphane a gagné la grande finale sur la piste que Raymond avait achetée grâce à sa ferme de poulets…

 

L’entreprise de pièces est née de cette même passion.  Car Stéphane rêvait non seulement de courser, il voulait courser dans SA voiture, qu’il pourrait fabriquer lui-même.  Il a donc commencé à fabriquer ses propres voitures, dont environ 80% de la composition était fabriqué par lui-même.  Je lui ai demandé s’il voyait une différence à piloter « ses » voitures par rapport à celles fabriquées par d’autres, et il me dit un oui définitif, ajoutant qu’il se sent plus à l’aise dans ses voitures.

 

En plus de fabriquer ses propres voitures, il a commencé à en fabriquer pour d’autres, allant même à fabriquer des produits directement pour les marques Bicknell, Troyer et Téo.  Et comme ses voitures eurent rapidement du succès, le téléphone a sonné.  Je regarde les murs de l’atelier et je vois plein de portes et de toits.  Le fan de Nascar que je suis reconnais un toit noir avec un numéro 24 jaune.  « C’est tu Jeff Gordon, ça? » .  Il me répondit affirmativement.  Gordon a piloté une de ses voitures late model à Eldora, lors de la course prestigieuse Prelude to the Dream.  Après la course, Gordon lui a fait cadeau du toit.

 

Cette saison, les affaires vont aussi bien.  Il fait présentement les amortisseurs pour Ryan Godown et Craig Von Dohren, qui se démarquent tous deux aux États Unis en modifiés.  Chez nous, il fournit des pièces pour des pilotes tels Éric Loyer, Adam Rozon et Scott McGill.  L’an passé, il a aidé Mario Clair au Grand Prix de Trois-Rivières.  Stéphane ajoute qu’il réalise que lui et certains autres ont eu la chance de grandir dans le milieu, et qu’il aime particulièrement aider des pilotes qui arrivent dans le milieu sans avoir les mêmes repères, et qui ont besoin de directions.  Peu importe, les bons résultats de ces voitures font qu’il reçoit chaque semaine des appels de pilotes qui s’intéressent à ses produits.  Même de très gros noms figurent parmi eux!

 

Je devais parler de son emploi du temps actuel, mais je veux aussi en savoir plus sur son retour aux courses.  Je lui demande où il a l’intention de courser.  Il me dit que sa piste locale serait définitivement Cornwall, mais il irait probablement aussi à Brockville.  Ensuite, il aimerait ajouter des pistes prestigieuses sur lesquelles il aimerait dire qu’il a courser.  Charlotte et Volusia sont en tête de liste.  De plus, il voyagerait pour faire les grosses courses des pistes avoisinantes, notamment en Ontario et au Québec.

 

Je sais que les courses coûtent cher.  Je lui demande donc si cela l’inquiète de trouver un budget pour l’an prochain.  Il me dit que non, car il a toujours réussi à gagner sans avoir de gros budgets.  J’ose lui demander alors s’il est inquiet de ne pas avoir la chance de gagner à nouveau comme il s’est arrêté 4 ans, ce qui est le cas de plusieurs pilotes qui prennent une pause aussi longue.  Encore là, la réponse est remplie de confiance.  Il m’explique que ce qui fait que les pilotes ne gagnent pas quand ils reviennent d’une pause, c’est qu’ils ne sont plus à date avec la technologie.  Dans son cas, il n’a jamais arrêté de suivre la technologie.  Par exemple, quand il fait les machines pour couper les pneus, il doit s’adapter au fait que les pneus sont plus usés cette saison en fonction de la pénurie.  Il va donc les adapter en conséquence, tout en prenant en compte le style de pilotage de son client ainsi que les pistes ou ils courent.

 

Je vois donc qu’il est fin prêt.  Avant de partir, je lui envoie une dernière question.  Comme il est déjà motivé par un retour pour 2023, accepterait-il de faire des courses individuelles pour une équipe en 2022 si une d’entre elles avait besoin d’un pilote de remplacement?  La réponse est venue aussi vite qu’une voiture de course: OUI.  Avis aux intéressés…

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