LANGHORNE : « La faiseuse de veuve »

Historique

On dit que Langhorne Speedway a été la première piste conçue véritablement pour la course automobile.  Localisée au nord de Philadelphie en Pennsylvanie, elle a été inaugurée en 1926 et vouée tant à la course de motocyclette qu’à l’automobile.  Cette nouvelle piste en terre battue de un mile (1,60km) était parfaitement circulaire et de ce fait on l’a surnommée « The big left turn ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le premier événement a été annulé par la pluie.  La reprise comportait une finale de 50 tours.  C’est un pilote du nom de Freddie Winnai qui a qualifié sa voiture sur la pôle avec un temps de 42.40 secondes soit 140 km/h de moyenne.  Une vitesse fulgurante pour l’époque. Cependant son concepteur, la Direction de la National Motorsports Racing Association (NMRS) ne l’a pas eu facile.  Après un début des plus prometteurs, avec des foules de dizaines de milliers de spectateurs, l’assistance a tôt fait de décliner.  Les principales causes visées étaient entre autres une mauvaise préparation de piste créant des conditions quasi impraticables, additionnées à une poussière à n’en plus voir clair.  Les coureurs affirmaient ne voir à peine qu’à 10 mètres devant eux et ce n’était guère mieux pour les spectateurs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Changement de Direction

Le tout a fait en sorte qu’après 3 ans,  les assistances avaient diminuées a un point tel que la direction se vit acculé à la faillite.  Un nouveau promoteur en a fait l’acquisition en 1930 et dans le but d’améliorer les conditions négatives créées par la poussière, il a fait étendre 30 000 gallons d’huile… mais il y avait toujours un élément majeur qui persistait pour les coureurs… la peur.

 

 

Une piste meurtrière

Au cours des années, Langhorne s’était créé une réputation de piste dangereuse voir même meurtrière.  Cette piste terrifiait les plus braves et nombre de coureurs étaient peu enclins à y aller.  Mario Andretti déclarait un jour qu’il était réticent d’y compétitionner pour la raison que « trop n’en revenaient pas vivants ».  Il avait grandement raison d’avoir cette appréhension, voici la liste des fatalités enregistrées :

  • 1 signaleur,
  • 3 spectateurs,
  • 5 motocyclistes,
  • 18 pilotes automobile
  • Un total de 28 personnes tuées lors de compétitions.

 

Toujours en parlant de Langhorne, Mario Andretti affirmait également que lorsqu’il pensait à cette piste, il en avait des frissons.  Andretti la qualifiait « de faiseuse de veuves ».  Roger Ward, ancien pilote de Bombardier pour la U. S. Air Force et 2 fois vainqueurs des 500 miles d’Indianapolis, se refusait de courir à Langhorne.  Il la jugeait trop dangereuse.  À cet effet en 1960, le propriétaire de sa voiture l’a remplacé par Jimmy Brian.  Ce dernier, ancien champion de l’Indy 500 en 1958, a trouvé la mort durant cette course à Langhorne.

 

Jimmy Brian trouve la mort

 

Léo Bergeron

Malgré ce fait, tous les grands coureurs de l’époque s’y sont présentés dont un gars de chez nous du nom de… Léo Bergeron.  Fait cocasse, Léo avait une voiture de marque Hudson laquelle était son propre taxi qu’il opérait à Victoriaville.  Il s’est enregistré dans l’International 200 de Langhorne en 1953.  Parti de la 35ième position, il a été contraint à l’abandon tôt dans l’épreuve et a terminé en dernière position soit 38ième.  Ici on se doit de mentionner la détermination que nécessitait un tel périple.  Plus de 1000km pour s’y rendre par des routes secondaires car c’était bien avant l’existence l’autoroute 87.

 

Des pilotes de renom

Pour nommer que quelques des grands noms de la course automobile qui ont compétitionné à Langhorne, mentionnons les Foyt, Andretti, Hurtubise, Jones, Petty, Lorenzen, Flock, Baker, Roberts, Goldsmith.  Tous les types de véhicules tels des motos, midgets, Champ Cars, stock cars, etc y ont compétitionné dont plusieurs courses organisées par la USAC et NASCAR.  Un fait particulier, un pilote du nom de Larry Mann (28 ans) y a trouvé la mort le 14 mars 1952 lors du Nascar 250.  Il était au volant d’une Hudsen Hornet de couleur verte, laquelle on appelait « the green Hornet ».  Il a été le premier pilote décédé lors d’une course Nascar.  Suite à cet incident, la couleur verte chez les voitures de courses n’a plus été la bienvenue, question de superstition.

 

C’était une courbe constante à gauche, ce qui occasionnait des conditions de piste souvent déplorables avec des ornières et des trous ici et là.  Il faut également mentionner le fait que de toujours tourner à gauche occasionnait des blessures aux points d’avoir les mains en sang pour certains.  De plus, ça provoquait une grande fatigue chez les pilotes, il n’y avait jamais de répit, aucune ligne droite pour avoir un moment pour reprendre ses esprits.

 

Will Cagle

À ce qui a trait aux pilotes vedettes de terre battue de l’époque, on peut nommer les Lazarro, Tasnady, Wimble, Osborne, Hendrick (Ray), Charland, Corey, Evan, Schneider dont pour la plupart au volant de coupés 1936 et certains avec des « five (5) windows ».  Mais l’un des plus prolifiques coureurs fut sans doute un résident de Rochester NY du nom de Ducht Hoag avec de nombreuses victoires sur ce circuit. Je m’en voudrais de ne pas mentionner que mon bon ami Will Gagle a gagné la classique de 1966.  Un jour il m’a déclaré que cette victoire lui avait rapporté le montant de 6000$, somme avec laquelle il s’est acheté une maison payée comptant à Tampa FL.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La fin   

En 1965, pour régler une fois pour tout le problème de poussière le circuit a été asphalté.  Par contre, le spectacle en fut grandement affecté.  On assistait alors à des « courses de trains ».  Le déclin des assistances se fit graduellement sentir au point où Langhorne Speedway a présenté son dernier spectacle de courses en 1971.  Une partie des facilités a servi à d’autres pistes de courses dont Bridgeport Speedway qui a bénéficié des plaques d’aciers de 4’ x 8’ pour son muret de protection.

 

Dans ma prochaine chronique, on verra que la piste de 1 mile du Syracuse Fairground a su prendre la relève avec brio en 1972.  Restez des nôtres.

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