Yan Bussière n’a pas tardé à répondre à son téléphone lorsqu’on l’a appelé pour commenter la nouvelle rapportée par La Voix de l’Est comme quoi l’Autodrome Granby et le RPM Speedway allaient bientôt adopter la sanction NASCAR en vue de la saison 2022. La réponse est sans équivoque : le climat incertain pour l’avenir de l’Autodrome Drummond avec l’annonce de la mise en vente du terrain l’incite à demeurer sur ses positions. Pour la saison 2022, ce sera presque le statu quo.
« J’ai évidemment été consulté (pour changer de sanction) et je comprends pourquoi Dominic décide d’explorer de nouvelles avenues pour ses deux pistes, a dit Bussière. Dans mon cas, la situation est tellement incertaine que je n’ai aucune idée si je pourrai présenter des courses à Drummondville après 2022. Je trouve que c’est beaucoup de travail sans garanties (d’opérer dans les années futures). »
Parlant d’incertitude, le promoteur a récemment été mis au courant qu’une offre d’achat formelle a été déposée pour l’achat du terrain aux propriétaires Jacques Constant et Alain Poirier. Sans vouloir entrer dans les détails, Bussière craint que son avenir de promoteur soit sur le respirateur artificiel. Au début novembre, l’agence immobilière PMML affichait un prix de vente de 7,5M$ pour le terrain de l’Autodrome Drummond, dont la moitié est zoné agricole. Quoi qu’il en soit, messieurs Constant et Poirier se sont montrés confiants d’obtenir le juste prix pour un terrain convoité à quelques jets de pierre de l’Autoroute 20.
« Je ne sais pas où j’en serai dans un an d’ici. Est-ce que ce sera terminé pour les courses à Drummond? Est-ce qu’un éventuel nouveau propriétaire sera prêt à continuer d’opérer une piste de courses à court terme en attendant un développement immobilier? Il y a juste trop de questions présentement, et c’est sans compter la pandémie. Je veux juste me concentrer à présenter une belle saison 2022 aux pilotes et aux amateurs. »
Yan Bussière n’a pas peur de l’avouer, il chérit encore le rêve de revoir la série Super DIRTcar gros blocks sur son circuit, et aussi les World of Outlaws Sprint Cars. Pour l’instant, l’Autodrome Drummond demeure sous sanction DIRTcar. Par contre, le promoteur drummondvillois et le directeur de la sanction DIRTcar dans le nord-est, Dean Reynolds se sont entendus pour faire une « pause » et tenter de revenir en force en 2023 en présentant des épreuves à grand déploiement.
« On était tous les deux d’accords que ça n’avait pas de sens de donner des redevances à DIRTcar sans qu’ils ne viennent chez nous pour disputer de gros événements que les gens paient pour venir voir, estime Bussière. Ce qu’on veut faire, c’est de redistribuer le montant d’argent qui part chez DIRT à chaque soir pour notre sanction dans les poches de nos équipes de courses. »
Chose certaine, Yan Bussière n’en veut pas à Dominic Lussier de tenter d’aller chercher le maximum pour les opérations de ses deux pistes de courses. Les deux hommes conservent une bonne relation d’affaires et continueront de travailler ensemble pour élaborer les différents calendriers et éviter de se piler sur les pieds.
« Il n’y a rien qui va changer dans notre relation, a poursuivi Bussière. Même au niveau de la règlementation, il n’y aura aucun problème pour les pilotes à rouler sur les trois pistes. Pour le spectateur non plus, il ne verra pas de différence. Encore une fois, j’ai l’impression que l’Autodrome Drummond fera partie des pistes les plus achalandées d’Amérique du Nord quand la saison va commencer. Les pilotes aiment courir chez nous et je ne vois pas pourquoi je changerais une solution gagnante. »
On ne s’est tout de même pas gêné pour demander au promoteur de longue date si l’entente que s’apprête à ratifier l’Autodrome Granby et le RPM Speedway avait du sens à tous les niveaux. Rappelons si ça se concrétise, Granby et le RPM rejoindront le circuit de Grandview en Pennsylvanie, le seul autre sur la terre battue à rouler sous sanction NASCAR dans le nord-est. Au Québec, l’Autodrome Chaudière de Vallée-Jonction roule aussi avec le soutien du fleuron américain de la course automobile.
« Je ne dis pas que ce n’est pas bon, l’avenir va nous le dire, a commencé par dire Bussière. Je trouve juste que ça fait bizarre de voir arriver NASCAR dans le décor de la terre battue alors qu’ils n’ont pas fait grand-chose à ce niveau depuis de nombreuses années. Là, on dirait qu’ils s’y intéressent un peu plus depuis l’an dernier avec une course à Bristol sur la terre, notamment. Je souhaite que ça fonctionne pour Dominic, mais disons qu’il aura très peu de comparables puisqu’il n’y aura qu’une seule autre piste à rouler toutes les semaines sur la terre comme lui. Je trouvais aussi qu’au niveau du partage des bourses, c’est majoritairement le Top-5 au championnat qui mettra la main sur une grosse part du gâteau. »
On assiste clairement à une date charnière dans l’histoire des courses au Québec. Alors que l’avenir de la piste de Drummondville est plus incertain que jamais, les deux autres pistes décident de virer le capot de bord et de se séparer de leur sanction qui était en place depuis 1987.