C’était la deuxième journée des Falls Nationals à Brockville, et encore une fois, William Racine essayait le doublé modifié-sportsman. Si quand je l’avais quitté la veille, son sourire habituel semblait disparu, c’était tout autre à mon arrivée dans sa remorque aujourd’hui en début d’après-midi. Malgré une faible pluie qui nous gardait à l’intérieur, le petit prince était redevenu celui auquel on s’est habitué. Tout sourire, il s’amuse à essayer les différentes caméras de mes collègues des Gars de Courses. L’histoire ne dit pas comment les photos sont sorties…
Comme la pluie n’a pas duré longtemps, on peut commencer sans trop de retard. William s’installe dans sa voiture modifiée #54W, puis se dirige sur la fausse grille pour les temps chronométrés. Le hasard fait parfois bien les choses. Il est placé juste derrière la voiture ONE de David Hébert. Le futur qui suit le présent. J’ai pris une photo pour immortaliser la scène, car j’avais l’impression de vivre un moment d’histoire. C’est pas tous les jours qu’on voit ça. Certains grands quittent avant que leurs dauphins arrivent. Mais tout indique qu’on aura droit, pour quelques années à venir, de voir ces deux pilotes s’affronter en piste. Les dieux de la terre battue existent…
En revenant aux puits, l’équipe semble satisfaite en regardant leur application de temps. Je leur demande le classement de Will et on me répond fièrement une 2e place (derrière l’imbattable Chris Raabe, et DEVANT Yan Bussière et David Hébert, ce dernier est même venu discuter avec Will aux puits après la séance.)
A peine descendu de sa voiture, il a juste le temps de discuter brièvement avec ses proches, qu’il doit sauter dans sa voiture 35R pour les temps chronométrés en sportsman. A son retour, les sourires sont encore plus grands. Avant même que j’ai le temps de demander sa position, son membre d’équipage Marc-André me dit fièrement que Will vient de faire la première place. Tout le monde est heureux.
Je suis ensuite invité à suivre la course qualificative modifiée du haut de la remorque de la modifiée de Bernard Racing par Jocelyn Bernard lui-même. Une expérience unique en soit, que je suis très content d’avoir vécu une fois dans ma vie, même si ce sera probablement la seule et unique fois que je vivrai l’expérience.
Je dois dire que j’avais déjà été invité par d’autres équipes auparavant, mais leur remorque étaient toutes le modèle avec les échelles intérieures, ou on doit brièvement passer sur une barre métallique non reliée à un mur pour joindre les deux échelles. Ayant toujours eu un équilibre assez médiocre, je n’avais jamais osé m’aventurer là haut. Mais Bernard Racing ayant une échelle extérieure où on ne passe pas dans le vide, je m’y suis risqué. La vue est définitivement superbe, on ne peut pas avoir mieux. Mais en même temps, on est situé si haut que je ne pouvais pas me risquer d’aller trop prêt du bord, manque d’équilibre oblige. J’ai donc regardé du milieu, sans me tenir. Je vous dit que c’est dur sur les jambes! J’ai donc fait un pacte avec moi-même… Si j’arrivais à revenir en bas en un morceau, je prenais ma retraite des hauts de remorque. Je compte bien respecter ma parole…
Ah oui, j’oubliais presque. Après avoir longtemps tenu la 2e place, notre petit prince a terminé 3e dans une course où les drapeaux jaunes ont été omniprésents, de quoi tenir occupé le signaleur, où comme dirait mon neveu David, le random waving guy.
Je me suis ensuite dirigé vers les estrades des puits pour regarder la course qualificative en sportsman. Autant j’aime résumé en détails, autant un résumé simple en dit parfois plus. Ce fut simplement une clinique de course donnée par William à ses adversaires. On peut parier que certains pilotes de sportsman espèrent le voir en modifiés à temps plein l’an prochain.
Une fois les qualifs terminées, c’était le temps de la pige. Le hasard a fait que Will partira 7e en sportsman et 8e en modifiés.
Alors que la course de sports compacts allait avoir lieu, j’étais à travailler sur mon texte au froid dehors lorsque je sens une tape sur mon épaule. William Racine lui même m’offre de venir au chaud à l’intérieur. Ça m’a fait chaud au cœur. Je connaissais le côté farceur de William depuis longtemps, mais j’ai découvert son côté humain. Ça m’a fait chaud au cœur.
Je suis rentré et le party était bien pris. Quelques collègues des Gars de Courses étaient même présents. Mégane, la copine de William, est chargée de la musique. C’est très vivant et plaisant, quoique les demandes spéciales de Tommy Lavallée ne sont pas sur la playlist de Mégane. Faut croire que recevoir le président des Gars de Courses n’exige pas des recherches approfondies sur ses goûts musicaux à l’avance. Pendant que Mathéo allume et éteint les lumières en alternance, on se croirait dans un club disco select. Quand William est à l’intérieur, je le sens complètement relaxé. Beaucoup plus déconcentré que lorsqu’il travaille sur sa voiture dehors.
La course de sportsman sera difficile. Notre petit prince doit se contenter de la 17e place. Je vois une déception dans son visage, mais pas le temps de parler car il faut sauter dans la voiture sportsman. Même pas le temps de reconduire la modifiée dans le puits. C’est son frère Even qui s’en chargera. La course sportsman verra Will obtenir une belle 6e place, mais on voit vite que ce n’est pas ce qu’il espérait. En sortant de la voiture, il s’assoit brièvement par terre. Il dit avoir mal partout. Il mentionne entre autres les genoux. Voilà deux grosses courses qu’il fait, une après l’autre. Son frère Even vient le rejoindre. Lui est passé par le même chemin avant. Will regarde son frère et dit: « L’adaptation des deux… » Il prend une pause, puis enchaîne. Je ne dirai pas le mot qui suit, mais ça commence comme table et ça fini comme arnaque.
Il est tard. Il fait froid. L’équipe s’en va tranquillement. Je dois terminer mon article, mais j’aurais espéré le faire sur une note plus joyeuse. Je pourrais bien dire que Will vient de faire un abat aux quilles en jetant à terre toute la série de bouteilles de Gatorade vides, incluant le rouge qu’il vient de terminer. Il a beau s’en réjouir (c’est vrai que ses déceptions ne dépassent jamais 5 minutes), un pilote ne met pas autant d’énergie dans les courses dans le but de faire un abat au Gatorade.
Je vais donc vers Will et lui demande carrément s’il y a quelque chose de positif dans son weekend. La réponse tarde. Je reformule ma question et lui demande s’il a appris quelque chose en faisant les deux courses. La réponse sort immédiatement: « Faire les mods, ça nuit en sportsman. » Il élabore ensuite en me disant que quand tu conduis deux voitures différentes, les réglages le sont tout autant. Tu dois d’habituer à ceux des deux. Entre-temps, tu peux te mélanger. C’est un peu ce qui est arrivé.
En tout et partout, ce fut un apprentissage, mais je crois que cela aura été productif. Plusieurs autres sont passés par là. Je continue à croire que William Racine sera bel et bien le pilote vedette dont plusieurs s’attendent de voir. Faut juste lui laisser le temps. Et parlant de temps, un immense merci à William, Mégane, Mathéo, Marc-André, Shanny, et tous les autres membres des voitures 35R et 54W pour m’avoir permis de passer un si beau weekend en leur compagnie. Je ne suis pas près de l’oublier!
BLOC-NOTES
Petit rappel pour ceux qui auraient raté mon texte d’hier. La voiture sportsman que pilotait Will ce weekend, bien qu’elle porte les couleurs de WDM, est en effet maintenant une voiture à part entière de William Racine Racing (WRR). On a beau voir le nom Lussier dessus, on est dans une nouvelle aventure. La preuve? Le camion qui tire la remorque est maintenant un Ford, ce qui ne serait pas arrivé dans le temps de Lussier, qui vend des camions Chevrolet et GMC.